Zoom sur le Ville & Transports du 24 décembre 2008

2008 Année servicielle

Le vélo dans le chiffres, le vélo dans les faits
Le vélo a été le grand absent du Grenelle de l’Environnement, notamment parce que les chiffres de ses bénéfices en terme de CO2 semblent faire défaut. Dans les faits cependant, la réadoption du deux roues dans les métropoles comme dans les petites villes du territoire est flagrante, de même que les effets écologiques qui en résultent. Leçon de 2008, cet essor réside d’abord et avant tout dans la conquête par le vélo du secteur serviciel.

Guillaume Pépy,  » Un voyage de porte à porte « 

Pour le président de la SNCF, 2008 marque le passage à l’ère de la mobilité durable. Pour offrir à ses  clients une liberté complète dans les déplacements, la SNCF prône aujourd’hui une politique intermodale et propose toute une palette de transports qui puissent se combiner à ses trains, pour un voyage toujours plus fluide.

« Le droit d’être piéton »
Vinci Park se fait remarquer avec sa nouvelle campagne de pub pro-piéton, qui s’appuie notamment sur sa filiale d’auto-partage, Okigo. « Le droit d’être piéton, c’est d’avoir une voiture sans être prisonnier de sa voiture. VINCI Park développe l’auto-partage en créant Okigo » lit-on sur une première affiche, « le droit d’être piéton, c’est le droit de redevenir piéton quand on le souhaite. VINCI Park crée aussi des parkings pour les deux roues » lit-on sur une seconde et « le droit d’être piéton, c’est le droit de laisser sa voiture où on veut quand on veut. VINCI Park ce sont 480.000 places de parking en France ». Les parkings, nouvelles plates-formes d’inter-modalité affichées.

Spécial TER, entretien avec Jean-Pierre Farandou

« La hausse du prix du pétrole a fait gagner deux ou trois points à la progression de la fréquentation du TER (sur une hausse de 7 à 8%) », explique le patron de SNCF Proximités. Cette fréquentation doit d’abord au coût respectif d’un même trajet en train et en voiture ; le second coûterait deux à trois fois plus cher que le premier, et doit aussi aux multiples services introduits par la SNCF dans ses trains. Avec MooviTER, inauguré en Bretagne, le transporteur veut faire du voyage un temps intelligent en y déployant Internet et des services multimédias personnalisés, des jeux pour les plus jeunes, et un mobilier aménageable en fonction de la situation et des usages.

janvier 9, 2009. Étiquettes : , , , , , , . Chronos. Laisser un commentaire.

Marche et vélo côte à côte

Dans Pour une Ville qui marche (en anglais Walk for your life !, 2006), Marie Demers, une Quebecquoise, milite pour un retour de la marche en milieu urbain comme mode utilitaire. Sur un ton nostalgique, elle évoque l’époque où la marche avait sa place et sa légitimité dans la ville. Pour l’auteur, vélo et marche s’adonnent au même combat dans une ville pensée et construite autour de la voiture. C’est le même constat que nous avons fait dans l’étude le Vélo en Mode Actif (voir aussi le manifeste Six défis pour le vélo – Marche à suivre).

Le combat, c’est celui de la reconquête d’un espace aussi bien dans les villes que dans l’esprit des individus pour un apaisement des espaces collectifs, mais c’est aussi remettre à l’ordre du jour la marche comme mode de déplacement. Dans Marcher en Ville – publié dans les Annales de la recherche urbaine -, Pascal Amphoux, géographe, enseignant et membre du Comité scientifique d’Europan, soutient que La marche est dans la nature de l’urbain et qu’elle contribue au système de transport au même titre que les autres modes de déplacement. Et de rappeler que la marche confère de l’urbanité non seulement dans les espaces densément construits mais surtout dans les espaces diffus. Il en oublie d’évoquer le vélo, dont les bénéfices sont très proches à ceux de la marche.

Nous nous sommes prêtés au jeu de la comparaison des solutions proposées d’un côté à la faveur du vélo, de l’autre à la faveur de la marche. Les leviers se combinent et s’assemblent : réaménagement de la ville construite autour de la voiture ; partages de l’espace et réduction des vitesses ; encouragements et communication par les collectivités ; accroissement de l’information déplacement. Les actions menées pour des villes durables peuvent largement conjuguer les deux modes. Des initiatives s’inscrivent déjà dans cette démarche, tels que des outils d’information multimodale ou encore des voies fermées aux voitures certains jours (voir ici, ou encore ). Conclusion ? Même si des différences existent entre les deux modes (leurs rythmes, trajectoires et adhérence à la ville), la marche et le vélo gagnent à se battre côte à côte. Une question d’urbanité.

décembre 22, 2008. Étiquettes : , , , , . Chronos. Laisser un commentaire.

Zoom sur le Ville & Transports du 10 décembre 2008

La prime transport étendue au vélo
Le dispositif de la prime transport s’applique désormais aux utilisateurs de systèmes VLS ou de location classique, selon un amendement du député Philippe Gougon : « Ce qui m’importe, c’est la reconnaissance du vélo comme moyen de transport, l’institution d’un principe nouveau d’égalité entre les différents modes. »

Lille Pass d’Or au Palmarès 2008 : une nouvelle billettique, vers un « passeport métropolitain » ?
Des cartes à puce sans contact devraient remplacer les titres de transport lillois à l’horizon 2011-2012. La révolution ? Un support commun pour accéder aux réseaux urbains des différentes agglomérations de la région, aux services interurbains et aux TER, et aussi aux parkings, au système de vélos en libre service et aux taxis !

Nantes : auto-partage et vélos en libre service, Pass d’Argent au Palmarès 2008
Une solution originale, un service d’auto-partage (Marguerite) fondé essentiellement sur Internet a d’abord proposé 11 stations et 30 voitures dans l’hyper centre-ville, mais face aux demandes de nouveaux utilisateurs, trois stations seront ajoutées à la fin de l’année. Parallèlement, un système de vélos en libre service (bicloo) de 79 stations et 1.326 vélos a été déployé par JCDecaux dans la ville dans une logique multimodale.

Rhône-Alpes : la pionnière du cadencement, Grand Prix des Régions LVDRI au Palmarès 2008
La région est la première en France à avoir organisé tous ses TER sur un système de cadencement, une circulation des trains à un rythme soutenu et régulier à la minute. 80% des personnes interrogées estiment que le système leur apporte « plus de lisibilité et de simplicité dans l’utilisation des TER ». Hausses de fréquentation au rendez-vous : +13% en juillet et en septembre ! Le système est appelé à s’étendre.

décembre 17, 2008. Étiquettes : , , , , . Chronos. Laisser un commentaire.

Vélo et hip-hop : « nothing’s equivalent to the bike state of mind »*

*référence à la dernière phrase de l’hymne « New York State Of Mind », de Nas (1994)

Les rappeurs cachent bien leur jeu… N’en déplaise aux grosses cylindrées de certains clips, le vélo est au cœur de la culture hip-hop. Dans le cadre de son Téma Hip-Hop, le Centre Musical Barbara présentait récemment quelques vélos low-rider et autres chopper bikes aux allures de Harley Davidson, inventés dans les années 80 par les hispaniques de Los Angeles.

Se faire remarquer pour s’imposer dans la rue… Le culte de la frime qui caractérise le hip-hop trouve un écho dans le vélo (comme dans ce clip des Cool Kids), au même titre que la basket ou le ghetto-blaster. C’est d’ailleurs sur deux roues que l’apprenti gangster fera ses premières armes dans le jeu vidéo GTA San Andreas. Et les derniers rappeurs à la mode s’offrent de luxueux fixies personnalisés (pour « fixed-gear bike »), ces vélos sans frein utilisés par les coursiers new-yorkais. Déjà en 1986 dans The P Is Free, le rappeur KRS-One s’en servait pour impressionner ces dames :

Ridin’ one day on my freestyle fix
Jammin’ to a tape Scott Larock had mixed
I said to myself this tape sound funky
Ridin’ past the 116th street junkie
Thought I saw Denise but I was only assumin’
Took another look and that butt was boomin’
Did a little trick on my freestyle fix

Sound-systems bikes, by Katie Callan

Sound-systems bikes, by Katie Callan

Bricolé à l’envi, le vélo devient le jouet des acrobates urbains et de leurs figures sans cesse réinventées. Comme le break dance ou le graffiti, le vélo est devenu un mode d’expression urbaine à part entière avec ses codes et ses détournements. Alors, quand le hip-hop et le vélo s’associent pour approprier la ville, le résultat est plutôt croustillant ! A Louisville, on enseigne l’usage des portes-vélos en musique (« Stuck in That Congestion ? I Got One Suggestion »). De leurs côtés, les jeunes d’Oakland rendent hommage à leurs « scraper bikes » et redonnent vie aux quartiers en diffusant de la musique mobile (If Everybody Rode A Scraper Bike). A New York aussi, les vélos se transforment en d’impressionnants sound-systems immortalisés par Katie Callan. Le vélo a réussi à s’imposer dans la street culture et ne démérite pas face aux moteurs vrombissants. Rien d’étonnant pour une culture profondément urbaine !

décembre 16, 2008. Étiquettes : , . Chronos, Urbanité, Vélo. 1 commentaire.

Zoom sur le Ville & Transports du 3 novembre 2008

Le Maine et Loire encourage le covoiturage
En créant un parking de 30 places le long de la voie Cholet-Nantes, le département poursuit sa politique en faveur du covoiturage. Son site Covoiturage49.fr compte 942 membres actifs et quasiment autant de trajets quotidiens domicile/travail. Dix départements français se sont déjà dotés, comme le Maine et Loire, d’un site Internet de covoiturage.

Un forfait parking + transport pour le Vélodrome de Marseille

La Régie des transports de Marseille (RTM) et Vinci Park lancent un forfait multimodal pour les soirs de match – et pourraient l’étendre aux différents événements qu’accueille la ville : 4 heures de stationnement dans les parkings Vinci et un aller-retour avec la RTM pour 5 euros. Ce pack vise à la complémentarité des modes de transport et présage peut être l’arrivée d’un titre unique permettant l’accès aux parkings grâce à la carte des transports urbains marseillais.

Des abris à vélos sécurisés dans les Hauts-de-Seine

Plan vélo pour le 92 : 200 à 300 Vel’Abris pouvant accueillir 50 vélos chacun, dotés d’une vidéosurveillance et accessibles avec le passe Navigo, construction de 100 km de pistes cyclables et prévention routière dans les collèges. La politique du vélo particulier a prévalu sur celle du vélo en libre service.

Colloque RATP au Sénat pour fêter les 10 ans de la ligne 14

La ligne 14 et ses 450.000 voyageurs satisfaits par jour soulèvent la question de l’avenir des infrastructures franciliennes. Les tables rondes organisées par la RATP ont bien constaté la forte progression de la demande de transport collectif ainsi que la prise de conscience environnementale. Si la ligne 14 est « une référence mondiale » selon Philippe Carli, PDG de Siemens France, le transfert de ses acquis aux autres lignes du réseau est loin d’être réalisé. Parallèlement à la modernisation du réseau, les intervenants ont souligné que la fluidité dépendait aussi de l’amélioration des services. Réseau WiFi sur les rames, ticketing mobile et écrans interactifs d’information multimodale, autant d’innovations qui veulent se concrétiser.

novembre 3, 2008. Étiquettes : , , , , . Chronos, Mobilité, Vélo. Laisser un commentaire.

Zoom sur le Ville & Transports du 15 octobre 2008

Le nouvel ordre de la mobilité
La crise est à l’origine du rapprochement des deux cultures du transport, individuelle et collective. Au salon de l’Automobile, 30% de l’offre se concentre sur l’écomobilité. Il ne s’agit plus de l’affronter mais de l’intégrer dans une offre cohérente de transport.

RATP, trafic à la hausse

20 000 voyageurs en plus chaque jour, c’est le résultat d’une politique de renforcement et de diversification de l’offre du transporteur.

La voiture dans la chaîne de l’écomobilité

« La clientèle de l’autopartage a changé, explique Philippe Ratto, président de la Caisse Commune depuis son rachat par Transdev. Le public s’est élargi. L’autopartage est en train de devenir un produit avec des clients en attente d’un meilleur service, d’une tarification adaptée ». Les opérateurs de mobilités l’ont bien compris, l’heure est à l’industrialisation et à la constitution de parcs automobiles, le marché se structure, les appels d’offre attirent de nombreux candidats. « Le voyageur est de plus en plus demandeur d’un offre globale, ce qui amène les protagonistes du transport à regarder au-delà de leur champ d’action traditionnel » analyse Nicolas Le Drouaec, fondateur de Mobizen.

Le site d’information du trafic de la Cub fait peau neuve
Le site de la communauté urbaine de Bordeaux (Cub) s’enrichit : auto-actualisation de l’info trafic sur des cartes dédiées, taux de remplissage des parcs de stationnement et alertes mail en cas d’incidents sur la voie publique.

Sécurité routière : les chiffres comparés des capitales européennes

En ville, s’il y a moins d’accidents impliquant des voitures, un mort sur deux est un piéton ou un cycliste. Ceux que les Anglais appellent les « podestrians » (contraction de Ipod et de pedestrian), absorbés par la musique, représentent un nouveau type d’usagers particulièrement vulnérables.

Chambéry-métropole : plus de places à la vélostation

La nouvelle consigne à vélo de la gare SNCF compte 100 places organisées sur une double hauteur, 30 casiers à accessoires et 8 prises électriques pour les vélos qui en auraient besoin. Accessibles par badge, 7/7j de 4h20 à 0h45 : en 15 jours, les 2/3 des places étaient réservés pour des abonnements.

octobre 24, 2008. Étiquettes : , , , , , , , . Chronos. Laisser un commentaire.

Quel logiciel pour la rue ?

Il ne suffit pas que l’usage de la voiture en ville recule, il faut aussi que sa place se réduise (96 % de l’espace public, dont les deux tiers pour le stationnement (La Tribune – 26/09 – Toujours mobile sans mon auto), et que ce nouvel espace fasse l’objet d’un partage intelligent. L’irruption du vélo et des deux roues motorisés (hausse des immatriculations de 17% entre 2005 et 2006) transforme déjà les rapports de force (Voir le billet d’Alain Caraco « Mon vélo et Linux, ma voiture et Windows »). De nouvelles normes se cherchent pour apaiser des cohabitations souvent mal vécues. Selon une étude TNS/Axa de juin 2007 (Le Parisien 19/09 – Scooters, attention danger !), motards et automobilistes considèrent les conducteurs de scooters comme les plus dangereux (58%). Pour les scooters, ce sont les automobilistes à 45% ! Déjà en 1998, l’Insee faisait état d’un « triangle de la gêne » (EPCV) : piétons et vélos se déclarant relativement peu gênés entre eux (14% et 26%, mais à l’époque le vélo urbain était quasiment absent), tandis que ces deux groupes se déclaraient majoritairement gênés par le groupe motorisé (voitures, scooters, motos). Plus étonnant, ce dernier groupe manifeste la même prévention (à 60%) vis-à-vis des piétons et cyclistes. Bref, personne ne vit vraiment bien la coexistence des modes dans l’espace public. Comment s’en sortir ?

Le projet Complete Street – déjà approuvé par une dizaine de villes américaines – assume cette redistribution des modes au bénéfice des seniors et des personnes à mobilité réduite, fers de lance de cette consolidation du droit à la mobilité. Des initiatives similaires existent en France et en Suisse (“Chaucidou“ et “Kernfahrbahn »), avec l’objectif d’un meilleur partage de la voie par la réduction de la vitesse des voitures. C’est aussi l’idée du Code de la Rue qui va encore plus loin dans ses ambitions puisqu’il fait prévaloir les modes les plus vulnérables sur les autres. La complexité de l’offre de déplacement est paradoxalement une chance pour la fluidité urbaine, car elle va contraindre de trouver des solutions à leurs articulations. Peut-être, est-elle aussi une chance pour de nouvelles civilités dans la rue (Voir le théma « Le sens de la marche« ). Reste à trouver les « systèmes d’exploitation » et le système de civilités qui vont avec .

octobre 9, 2007. Étiquettes : , , , , , , , . Chronos, Civilité, coexistence, Flux, Mobilité, Urbanité, Vélo. Laisser un commentaire.